
Il fait partie des hommes de l’ombre du GF38 qui ont beaucoup œuvré pour faire repartir le club en 2011. Et qui se sont investis pleinement pour faire repartir le machine. Il a fait 90% des déplacements avec l’équipe, à sa charge.
Alors un des dirigeants du club à l’époque, Farid Derbal est toujours au Conseil d’Administration même si forcément il est plus en retrait aujourd’hui.
C’est l’occasion pour nous, à travers lui, de rendre hommage à tous ces anonymes du club.
Farid Derbal, comment tu as vécu le match d’hier ?
« Avec beaucoup de pression et de tension par rapport à l’enjeu même si j’étais persuadé qu’on allait monter sur ce match couperet. J’étais devant ma télé pour encourager nos joueurs et au fur et à mesure que le match avançait j’étais de plus en plus stressé. J’ai d’ailleurs eu du mal à regarder les images à la fin j’avoue mais le soulagement est là : nous sommes en Ligue 2, enfin ! »
Que t’inspire cette longue période de purgatoire ?
« Beaucoup d’engagement de certains bénévoles qui sont là depuis 7 ans ou avant et d’autres qui sont partis entre temps. Des moments compliqués, de l’investissement, des frustrations mais le projet en valait la peine. Je suis heureux tout simplement pour mon club, pour le football isérois. Avoir une équipe professionnelle dans notre département permet de tirer notre sport vers le haut au niveau local. C’est une locomotive qui va tirer tout le monde. Au-delà de la montée du GF38, c’est donc une victoire du foot isérois. »
Si on refait l’Histoire, nous sommes en 2011, le club est relégué en CFA2. Comment tu as vécu ce drame et comment vous vous êtes remis en ordre de marche ?
« L’annonce de la liquidation a été terrible. On s’est retrouvé avec Alain Fessler mis devant le fait accompli au Tribunal. Avec tout ce que cela engendre derrière : fin du centre de formation avec des jeunes talentueux laissés libres, licenciement de personnel. Au-delà du sportif c’est l’impact sur le côté humain qui fait mal et qui est le plus important, toujours.
On s’est posé la question avec Alain : est-on de capable de repartir et si oui, avec quel projet ? Le débat a été vite tranché et on s’est vite retroussé les manches.
La première pièce maîtresse dans cette reconstruction a été de convaincre le maire de l’époque Michel Destot. Cela a été rapide car il était déjà convaincu qu’il fallait relancer un grand club à Grenoble et redémarrer un nouveau projet. Ensuite il a fallu trouver un coach en catastrophe. Notre choix a été porté sur Olivier Saragaglia qui avait déjà repris les entraînements avec le SO Chambéry en CFA2. Pur grenoblois, passionné et attaché au club, Olivier a adhéré à notre discours. J’avoue qu’il a été un peu pris par les sentiments (rires). 24h avant Aïssa Yahia-Bey avait donné son accord pour s’engager avec nous. Après tout s’est enchaîné et Olivier a constitué son staff et son équipe et l’Histoire a démarré à Porto Vecchio avec une victoire à 13 joueurs dont 3 gardiens alignés sur la feuille de match … On connaît la suite. »
La suite on la connaît. Quel rôle les bénévoles dont tu fais parti ont joué ?
« L’ensemble du Conseil d’Administration de l’Association a porté le projet et tout le monde s’est battu pour trouver des sponsors et des moyens plus adaptés afin que les joueurs puissent se concentrer exclusivement sur le football et le projet sportif. Du trésorier Tony Di Toro en passant par Roger Garcin, Franck Germinario et -je ne peux pas tous les citer ils sont nombreux mais se reconnaîtront- tous les bénévoles se sont investis pleinement. Et tous les éducateurs qui ont fait le job. Sans toutes ces personnes là le club ne serait sans doute pas en Ligue 2 aujourd’hui. Le club s’est structuré avec des moyens plus importants avec l’arrivée du groupe de sponsors actuels mais il ne faut pas oublier qu’en 2011, 2012 et 2013 on est vraiment parti avec des moyens du bord et parfois ça a été très compliqué. J’en profite également pour remercier nos supporters qui ont toujours cru au club et qui ont toujours répondu présent même lorsqu’on était au fin fond du gouffre. Cette montée c’est aussi la leur. Et c’est aussi celle d’Olivier Saragaglia qui était au début de l’aventure. Je ne l’oublierai jamais personnellement. »
Que retiens-tu de la période 2011-2018 en terme de bons et mauvais souvenirs ?
« Mon plus mauvais souvenir au-delà de la liquidation a été le retrait de 6 points au classement non justifiés en mon sens en CFA qui nous ont empêchés de monter en National au profit de Strasbourg. Les autres montées qu’on a manqué font parti du sport, on a été les Poulidor à cette période là il faut l’accepter. Mais cette année de Strasbourg me reste en travers la gorge car on avait fait ce qu’il fallait pour monter sportivement. Les meilleurs souvenirs ? Je dirai la montée en National acquise contre Le Puy l’avant-dernier match à domicile devant un public qui avait répondu présent en nombre. Il est plus dur de monter de CFA en National que de National en Ligue 2 donc symboliquement on passait un gap important. Sinon évidemment avoir éliminé l’OM de Bielsa reste un super souvenir, comme beaucoup de supporters je pense. »
Comment tu vois l’avenir du GF38 ?
« Je la vois avec optimisme. Car on a un Président Stéphane Rosnoblet qui a les épaules, les pieds sur terre et qui sait où il veut aller. Et on a un super coach avec Olivier Guégan, je le pense sincèrement. Par contre ce n’est pas parce qu’on est redevenu professionnel qu’on doit oublier l’Humain. J’espère que le GF38 tirera les leçons du Passé pour ne plus revivre ce qu’on a vécu. A très court terme on aura l’obligation d’avoir un centre de formation digne de ce nom et je sais que le manager général Max Marty travaille dessus depuis plusieurs mois. Cela va tirer tout le club vers le haut et pas uniquement la section pro … »